ARTICLE DE PRESSE
( paru dans le journal LE SEMEUR HEBDO, rubrique l'invité de la rédaction : 27 Février 2009 )

                     Prêtre et sportif à temps plein
                PASCAL GIRARD, L'ATHLETE DE DIEU
                                 par Jean-Baptiste Botella

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                  L'invité de la rédaction
                PASCAL GIRARD : AU NOM DU PERE, DU FILS ET ... DES HALTERES

        L'athlète de Dieu. Un esprit saint dans un corps sain. Les bras du Seigneur ... Les expressions ne manquent pas pour qualifier Pascal Girard, 38 ans. Il faut dire que le jeune prêtre de la paroisse Notre Dame des Sources à Riom ne fait pas que muscler sa foi. Son physique de déménageur en témoigne : 118 kg pour 1,82 m.

        " Je pratique le développé couché, c'est un mouvement de base de la musculation. " Et à ce petit jeu là, l'aumônier n'est pas un rigolo : " J'ai fait pas mal de championnats de France et j'ai accumulé quelques podiums et quelques titres ", dit-il modestement. Puisqu'il ne veut pas en parler, on le fera pour lui : 20 ans de compétition, 19 fois champion d'Auvergne, 3 fois champion de France ( 1992, 1995 et 2004 ), une dizaine de podiums et quelques records. Un sacré palmarès !

        Elevé dans des valeurs chrétiennes, " mon père était bénévole à la société Saint Vincent de Paul ", le jeune Pascal Girard partageait son temps entre l'Eglise et le sport. " J'ai toujours été chrétien et j'ai toujours été sportif. Quand j'étais petit, j'allais à la messe. Avec un copain, nous étions enfants de choeur. Quant au sport, dans la tradition familiale, tous les enfants pratiquaient le judo.

        Judoka à l'ASM, il découvre pour la première fois la musculation à 16 ans : " Je ne savais pas ce que c'était, j'ai donc suivi les autres. Petit à petit, j'ai progressé et je suis devenu assez fort au développé couché. Quand je suis arrivé en terminale, il a fallu que je fasse un choix. J'ai choisi la musculation. "

        Son baccalauréat scientifique en poche, il prend la direction de l'université de chimie de Lyon : " Je suis un scientifique pur et dur. Tout ce qui est littéraire, ce n'est pas mon truc. "

        En revanche, la compétition, c'est son truc. Après seulement quelques années de pratique, il choisit de mettre sa force à l'épreuve : " Je commençais à devenir costaud. En 1990, j'ai participé aux premiers championnats d'Auvergne. J'ai gagné dans ma catégorie ( junior ) et en toutes catégories. Depuis, je n'ai jamais arrêté. "

                    J'ai toujours voulu servir les autres.

        Arrive l'âge du service militaire. Pascal Girard, pas emballé par l'armée, décide d'être objecteur de conscience et choisit le diocèse de Clermont comme point de chute. " J'avais déjà cette notion du service des autres. Pendant deux ans, cela m'a permis de mûrir ma réflexion, jusqu'à me demander si je devais entrer dans la vie active ou reprendre des études ? Finalement, j'ai repris des études, mais au séminaire, pour devenir prêtre. "

        Six ans de formation religieuse, de multiples compétitions ( régionales et nationales ), deux titres de champion et un record de France plus tard, Pascal Girard est ordonné prêtre et enfile la soutane en 2000, d'abord à Beaumont puis à Riom deux ans plus tard. " J'ai totalement donné ma vie au Christ. J'ai toujours voulu servir les autres et quoi de mieux que l'Eglise pour cela ? "

        Sur ce point-là, il est comblé : " Oh oui ! Je ne m'attendais pas vivre autant de choses. Toutes ces rencontres, tous ces projets ... En fait, on découvre vraiment notre vocation au sortir du séminaire. Et, comme je suis un passionné, je vis cela à fond. " A fond la forme, on pourrait même dire, puisque le curé soulève toujours les haltères lors de ses deux séances hebdomadaires de musculation à Gerzat.

        Là-bas, comme en compétition, le prêtre devient un redoutable adversaire : " Même si j'ai toujours mon col romain, les gens me considèrent comme un compétiteur, comme un des spécialistes en France du développé couché. Mais bon, pour moi, l'aspect compétition, ce n'est pas simplement gagner des coupes, même si cela fait toujours plaisir. La compétition me permet de me fixer des objectifs et de les dépasser. "

        Justement, le prochain objectif du père Girard est de battre son record personnel lors des championnats de France à Montereau ( région parisienne ) ls 21 et 22 Mars. " Cette année, j'ai soulevé 227,5 kg. Je vais essayer d'arriver à 240 kg. "

        D'ici là, peut-être recevra-t-il le soutien de ses paroissiens : " Une grand-mère vient me voir et me dit : Mon Père, quand est ce que vous avez votre compétition ? Parce que je prierais pour que vous gagniez ! " Je dis souvent : priez plutôt pour que l'on dépasse. Si tout le monde prie pour gagner, il va y avoir pas mal de déçus ! "

        Cette anecdote prouve bien que Pascal Girard est aussi à l'aise en soutane qu'en justaucorps de compétition : " Je suis comme de nombreux paroissiens qui font du sport. Pour beaucoup de gens, cela donne une bonne image de l'Eglise. Les prêtres ne sont pas enfermés dans leur sacristie. Ils font du sport et eux aussi peuvent avoir d'autres activités ! "

        Pourtant, il ne lui a pas toujours été facile de faire accepter sa passion : " Quand j'étais au séminaire, le supérieur m'a dit : Est-ce que vous serez capable de vivre sans sport ? Il n'en est pas question ! Pour moi, faire du sport, c'est comme manger, dormir ou prier. C'est naturel ! "

        Le Père Girard, prêtre aux gros muscles, mais pas seulement. Il se pose également comme un apôtre on-line de sa discipline : " J'ai un site internet que j'ai créé il y a huit ans. C'est un site très complet avec tous les champions, les résultats, les interviews, les programmes d'entraînements ... Ce site est là pour que les gens soient au courant de tout ce qui se passe dans l'univers du développé couché. Et puis il y a aussi une partie pastorale du sport. "

        L'Eglise ne pouvait pas se passer d'un tel phénomène. C'est pourquoi, très vite, le prêtre est devenu aumônier de la Fédération Sportive et Culturelle de France ( FSCF ) avant de se voir confier l'équipe de la Pastorale du sport du diocèse de Clermont.

        Souvent surnommé le " Jeannie Longo " au masculin, le prêtre rêve de prêcher pour sa deuxième paroisse encore plus longtemps que la championne de cyclisme : " Je me vois continuer la compétition jusqu'à 62 ans ! J'aimerais avoir un titre de champion de France quarante ans après mon premier. cela prouverait que j'ai duré dans le temps. Le plus important, ce n'est pas d'aligner les titres, mais d'avoir un bon niveau de performances au fils des ans. C'est important d'avoir cette image propre, surtout à un moment où la pratique sportive est souillée par le dopage. "

        Athlète émérite, le Père Girard se voit avant tout comme un athlète de Dieu : " J'aime bien la phrase de saint Paul : " Votre corps est le temple de l'Esprit Saint ". Une parole d'évangile qui lui colle parfaitement à la peau.

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