JOURNEES DIOCESAINES DE LA JEUNESSE
27-28 Mars 1999
Rassemblement dans chaque diocèse des jeunes de 18-35 ans ...

 

                            MESSAGE DU PAPE                

      MESSAGE DU SAINT-PÈRE AUX JEUNES DU MONDE À L'OCCASION DE LA XIVe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE 1999

                « Le Père vous aime » ( Jn 16, 27 )

                        Très chers jeunes !

        1. Dans la perspective du Jubilé maintenant tout proche, l'année 1999 a le rôle « d'élargir les horizons des croyants selon la perspective même du Christ : la perspective du “ Père qui est aux cieux ” par qui il a été envoyé et vers qui il est retourné » ( Tertio millennio adveniente, 49 ). Il est en effet impossible de célébrer le Christ et son jubilé sans se tourner avec lui vers Dieu, son Père et notre Père ( cf. Jn 20, 17 ). L'Esprit Saint renvoie lui aussi au Père et à Jésus : si l'Esprit nous apprend à dire « Jésus est Seigneur » ( cf. 1 Co 12, 3 ), c'est pour nous rendre capables de parler avec Dieu en l'appelant « Abba, Père ! » ( cf. Ga 4, 6 ).

Je vous invite donc, avec toute l'Église, à vous tourner vers Dieu le Père et à écouter, pleins de reconnaissance et d'émerveillement, la révélation surprenante de Jésus : « Le Père vous aime ! » ( cf. Jn 16, 27 ). Ce sont les paroles que je vous confie comme thème de la XIVe Journée Mondiale de la Jeunesse. Chers jeunes, accueillez l'amour que Dieu vous donne le premier ( cf. 1 Jn 4, 19 ). Restez ancrés dans cette certitude, la seule capable de donner du sens, de la force et de la joie à la vie: son amour ne s'écartera jamais de vous, son alliance de paix avec vous ne chancellera pas ( cf. Is 54, 10 ). Il a gravé votre nom sur les paumes de ses mains ( cf. Is 49, 16 ).

       2. Il y a dans le coeur de l'homme une profonde nostalgie de Dieu, même si celle-ci n'est pas toujours consciente et claire, que Saint Ignace d'Antioche a exprimé de manière particulièrement éloquente : « Une eau vive murmure au-dedans de moi et me dit de l'intérieur : “ Viens vers le Père ! ” » ( Ad Rom. 7 ). « Fais-moi de grâce voir ta gloire », supplie Moïse sur la montagne ( Ex 33, 18 ).

« Nul n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l'a fait connaître » ( Jn 1, 18 ). Suffit-il donc de connaître le Fils pour connaître le Père ? Philippe ne se laisse pas si facilement convaincre : « Montre-nous le Père » demande-t-il. Grâce à son insistance, nous obtenons une réponse qui dépasse largement notre attente : « Voilà si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ? ... Qui m'a vu a vu le Père » ( Jn 14, 8-11 ).

Après l'Incarnation, on peut désormais voir Dieu dans un visage d'homme : « Croyez-m'en ! Je suis dans le Père et le Père est en moi » ( Jn 14, 11 ) dit Jésus, non plus seulement à Philippe mais à tous ceux qui croiront. Depuis lors, celui qui accueille le Fils de Dieu accueille Celui qui l'a envoyé ( cf. Jn, 13, 20 ). Et en revanche : « Qui me hait, hait aussi mon Père » ( Jn 15, 23 ). Un nouveau rapport devient dès lors possible entre le Créateur et la créature, celui du fils avec son Père : en réponse aux disciples qui veulent entrer dans les secrets de Dieu et demandent à Jésus de leur apprendre à prier pour être soutenus le long du chemin, Jésus leur enseigne le Notre Père, « synthèse de tout l'Évangile » ( Tertullien, De oratione, 1 ). Notre condition de fils y est confirmée ( cf. Lc 11, 1-4 ). « D'une part en effet, par les paroles de cette prière, le Fils unique nous donne les paroles que le Père Lui a données : il est le Maître de notre prière. D'autre part, Verbe incarné, Il connaît dans son coeur d'homme les besoins de ses frères et soeurs humains, et Il nous les révèle : Il est le Modèle de notre prière » ( Catéchisme de l'Église Catholique, 2765 ).

En nous transmettant le témoignage direct de la vie du Fils de Dieu, l'Évangile de Jean nous indique le chemin à suivre pour connaître le Père. L'invocation «Père» est le secret, le souffle, la vie de Jésus. N'est-il pas le Fils unique, le premier né, le bien-aimé vers qui tout se tourne, présent aux côtés du Père avant même la fondation du monde, participant de sa propre gloire ? ( cf. Jn 17, 5 ). Jésus reçoit du Père le pouvoir sur toute chose ( cf. Jn 17, 2 ), le message à annoncer ( Jn 12, 49 ), l'oeuvre à accomplir ( Jn 14, 31 ). Les disciples eux-mêmes ne lui appartiennent pas : c'est le Père qui les lui a donnés ( Jn 17, 9 ), lui confiant la tâche de les préserver du mal, afin qu'aucun ne se perde ( cf. Jn 18, 9 ).

A l'heure de passer de ce monde au Père, la « prière sacerdotale » révèle l'âme du Fils : « Père, glorifie-moi auprès de toi de la gloire que j'avais auprès de toi, avant que fût le monde » ( Jn 17, 5 ). En tant que grand Prêtre pour l'éternité, le Christ se place à la tête de l'immense cortège des sauvés. Premier né d'une multitude de frères, il reconduit au bercail unique les brebis du troupeau dispersé, afin qu'il y ait « un seul troupeau et un seul pasteur » ( Jn 10, 16 ).

Grâce à son oeuvre, la relation amoureuse qui existe au sein de la Trinité est transférée dans la relation du Père avec l'humanité sauvée : « Le Père vous aime ! ». Comment ce mystère d'amour pourrait-il se comprendre sans l'action de l'Esprit, répandu par le Père sur les disciples grâce à la prière de Jésus ( cf. Jn 14, 16 ) ? L'incarnation du Verbe éternel dans le temps et la naissance pour l'éternité de ceux qui sont incorporés en lui par le baptême seraient inconcevables sans l'action vivifiante de ce même Esprit.

       3. « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » ( Jn 3, 16 ). Le monde est aimé de Dieu ! Et malgré tous les refus dont il est capable, il sera aimé jusqu'à la fin. «
Le Père vous aime» depuis toujours et pour toujours : voilà la nouveauté inédite, « l'annonce si simple et si bouleversante que l'Église doit donner à l'homme » ( cf. Christfideles laici, 34 ). Si le Fils ne nous avait dit que cette parole, ce serait suffisant. « Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! » (1 Jn 3, 1). Nous ne sommes pas orphelins, l'amour est possible. Car - vous le savez - on n'est pas capable d'aimer si l'on n'est pas aimé.

Mais comment annoncer cette bonne nouvelle ? Jésus indique le chemin à suivre : se mettre à l'écoute du Père pour être enseignés par Lui ( cf. Jn 6, 45 ), et observer les commandements ( cf. Jn 14, 23 ). On pourra ainsi grandir dans la connaissance du Père : « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître » ( Jn 17, 26 ), et ceci sera l'oeuvre de l'Esprit Saint qui introduit à la vérité tout entière ( cf. Jn 16, 13 ).

À notre époque, l'Église et le monde ont plus que jamais besoin de «missionnaires» qui sachent proclamer cette certitude fondamentale et consolatrice par la parole et par l'exemple. Conscients de cela, vous les jeunes d'aujourd'hui et qui serez les adultes du nouveau millénaire, laissez-vous «former» à l'école de Jésus. Dans l'Église et dans les différents milieux dans lesquels vous vivez, devenez des témoins crédibles de l'amour du Père ! Rendez-le visible dans vos choix et vos comportements, dans votre manière d'accueillir les personnes et de vous mettre à leur service, dans le respect fidèle de la volonté de Dieu et de ses commandements.

« Le Père vous aime ». Cette annonce merveilleuse est déposée dans le coeur du croyant qui, comme le disciple bien-aimé de Jésus, pose sa tête sur la poitrine du Maître et en recueille les confidences : « Celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; et je l'aimerai et je me manifesterai à lui » ( Jn 14, 21 ), parce que « la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » ( Jn 17, 3 ).

Les différentes formes de paternité que vous rencontrez sur votre route sont le reflet de l'amour du Père. Je pense en particulier à vos parents, qui ont été les collaborateurs de Dieu en vous transmettant la vie et en prenant soin de vous : honorez-les ( cf. Ex 20, 12 ) et soyez-leur reconnaissants ! Je pense aux prêtres et à tous ceux qui sont consacrés au Seigneur, qui sont pour vous des amis, des témoins et des maîtres de vie, « pour votre avancement et la joie de votre foi » ( Ph 1, 25 ). Je pense aux vrais éducateurs qui, par leur humanité, leur sagesse et leur foi, contribuent largement à votre croissance chrétienne et par conséquent pleinement humaine. Remerciez toujours le Seigneur pour chacune de ces personnes de grande valeur qui vous accompagnent le long des routes de la vie.

       4. Le Père vous aime ! Si les chrétiens sont conscients de cette prédilection de la part de Dieu, ils ne peuvent pas ne pas se sentir poussés « à parcourir, dans l'adhésion au Christ, Rédempteur de l'homme, un itinéraire de conversion authentique ... C'est dans ce cadre qu'il convient de redécouvrir et de célébrer avec ferveur le sacrement de la Pénitence, dans son sens le plus profond » ( Tertio millennio adveniente, 50 ).

« Le péché est un abus de la liberté que Dieu donne aux personnes créées pour qu'elles puissent L'aimer et s'aimer mutuellement » ( Catéchisme de l’Église Catholique, 387 ) ; c'est le refus de vivre de la vie de Dieu reçue dans le baptême, de se laisser aimer par le vrai Amour : l'homme a en effet le terrible pouvoir d'empêcher Dieu de donner tout le bien qu'il veut donner. Le péché, qui a son origine dans la volonté libre de la personne ( cf. Mc 7, 20 ), est une transgression du vrai amour ; il blesse la nature de l'homme et porte atteinte à la solidarité humaine puisqu'il se manifeste par des comportements, des paroles et des actions remplis d'égoïsme ( cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, 1849-1850 ). C'est au plus profond de la personne que la liberté s'ouvre et se ferme à l'amour. C'est le drame permanent de l'homme qui choisit souvent l'esclavage, se soumettant à la peur, à des caprices et des habitudes mauvaises, créant ainsi des idoles qui le dominent, des idéologies qui avilissent son humanité. Dans l'Évangile de Jean on peut lire : « Quiconque commet le péché est esclave » ( Jn 8, 34 ).

Jésus dit à tous : « Convertissez-vous et croyez à l'Évangile » ( Mc 1, 15 ). À l'origine de toute vraie conversion il y a le regard de Dieu sur le pécheur. C'est un regard qui se traduit par une recherche pleine d'amour, une passion jusqu'à la croix, une volonté de pardonner qui, manifestant au coupable l'estime et l'amour dont il continue à être l'objet, lui révèle en même temps le désordre dans lequel il est plongé, l'encourageant à décider de changer de vie. C'est le cas de Lévi ( cf. Mc 2, 13-17 ), de Zachée ( cf. Lc 19, 1-10 ), de la femme adultère ( cf. Jn 8, 1-11 ), du larron ( cf. Lc 23, 39-43 ), de la samaritaine ( cf. Jn 4, 1-30 ) : « L'homme ne peut vivre sans amour. Il demeure pour lui-même un être in compréhensible, sa vie est privée de sens s'il ne reçoit pas la révélation de l'amour, s'il ne rencontre pas l'amour, s'il n'en fait pas l'expérience et s'il ne le fait pas sien, s'il n'y participe pas fortement » ( Redemptor hominis, 10 ). Lorsqu'il a découvert et goûté le Dieu de la miséricorde et du pardon, l'être humain ne peut vivre autrement qu'en se convertissant continuellement à Lui ( cf. Dives in misericordia, 13 ).

« Va, désormais ne pèche plus » ( Jn 8, 11 ) : le pardon est donné gratuitement mais l'homme est invité à y répondre en s'engageant sérieusement à vivre une vie nouvelle. Dieu connaît trop bien ses créatures ! Il sait bien que la manifestation de plus en plus grande de son amour finira par susciter chez le pécheur le dégoût du péché. C'est pour cela que l'amour de Dieu se donne dans l'offrande continuelle de pardon.

La parabole du fils prodigue est particulièrement éloquente. A partir du moment où le fils s'éloigne de la maison, le père vit dans la trépidation. Il attend, espère, scrute l'horizon. Il respecte la liberté de son fils mais il souffre. Et lorsque le fils décide de revenir, il le voit de loin et court à sa rencontre, le sert très fort dans ses bras et, rempli de joie, il ordonne : « Mettez-lui un anneau au doigt - symbole de l'alliance -, apportez la plus belle robe et l'en revêtez - symbole de la vie nouvelle - mettez-lui des chaussures aux pieds - symbole de la dignité retrouvée - et festoyons car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé ! » ( cf. Lc 15, 11-32 ).

        5. Avant de monter vers son Père, Jésus a confié le ministère de la réconciliation à son Église ( cf. Jn 20, 23 ). Le repentir intérieur seul ne suffit donc pas pour obtenir le pardon de Dieu. C'est à travers la réconciliation avec la communauté ecclésiale que l'on obtient la réconciliation avec Lui. La reconnaissance de la faute passe pour cette raison à travers un geste sacramentel concret: le repentir et l'accusation des péchés, avec la déclaration devant le ministre de l'Église de l'intention de vivre une vie nouvelle.

Mais malheureusement, plus l'homme contemporain perd le sens du péché, moins il a recours au pardon de Dieu : beaucoup des problèmes et des difficultés de notre époque sont dues à cela. En cette année, je vous invite à redécouvrir la beauté et la richesse de grâce du sacrement de Pénitence, en relisant attentivement la parabole du fils prodigue, qui n'insiste pas tant sur le péché mais sur la tendresse de Dieu et sa miséricorde. En écoutant la Parole dans une attitude de prière, de contemplation, d'émerveillement, de certitude, dites à Dieu : « J'ai besoin de toi, je compte sur toi pour exister et pour vivre. Tu es plus fort que mon péché. Je crois en ta puissance sur ma vie, je crois que tu es capable de me sauver tel que je suis maintenant. Souviens-toi de moi. Pardonne-moi ! ».

Regardez-vous « à l'intérieur ». Avant d'être contre une loi ou contre une norme morale, le péché est contre Dieu ( cf. Ps 50 [51], 6 ), contre vos frères et contre vous-mêmes. Mettez-vous devant le Christ, Fils unique du Père et modèle de tous ses frères. Lui seul peut nous révéler ce que nous devons être envers le Père, le prochain, la société, pour être en paix avec nous-mêmes. Il nous le révèle à travers l'Évangile, qui est un avec le Christ. La fidélité à l'un est à la mesure de la fidélité à l'autre.

Approchez-vous avec confiance du sacrement de la Confession : à travers l'accusation de vos péchés vous montrerez vouloir reconnaître l'infidélité et vouloir y mettre fin ; vous témoignerez du besoin de conversion et de réconciliation, pour retrouver la condition pacifiante et féconde de fils de Dieu en Jésus Christ ; vous serez solidaires de vos frères éprouvés par le péché ( cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, 1445 ).

Avec reconnaissance, recevez enfin l'absolution du prêtre : c'est le moment où le Père prononce sur le pécheur repenti la parole qui fait vivre : « Mon fils est revenu à la vie ! ». La Source de l'amour régénère et rend capable de surmonter l'égoïsme et de recommencer à aimer plus intensément.

       6. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit : voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes » ( Mt 22, 37-40 ). Jésus ne dit pas que le second commandement est identique au premier, mais qu'il lui est «semblable». Les deux commandements ne sont donc pas interchangeables, comme si l'observance du commandement de l'amour du prochain entraînait automatiquement l'observance de celui de l'amour de Dieu, ou vice versa. Ils ont leur propre consistance et l'on doit les observer tous les deux. Mais Jésus les place l'un à côté de l'autre pour montrer à tous qu'ils sont étroitement liés entre eux : il est impossible d'observer l'un sans mettre l'autre en pratique. «Jésus rend témoignage de leur indivisible unité par ses paroles et par sa vie : sa mission culmine à la Croix rédemptrice, signe de son amour inséparable envers le Père et envers l'humanité » ( Veritatis splendor, 14 ).

Pour savoir si l'on aime vraiment Dieu, il faut vérifier si l'on aime vraiment son prochain. Et si l'on veut juger la qualité de l'amour pour le prochain, il faut se demander si l'on aime vraiment Dieu. Car « celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas » ( 1 Jn 4, 20 ), et « nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu à ce que nous aimons Dieu et que nous pratiquons ses commandements » ( 1 Jn 5, 2).

Dans la Lettre Apostolique Tertio millennio adveniente, j'ai exhorté les chrétiens à « souligner plus nettement l'option préférentielle de l'Église pour les pauvres et les exclus » (n. 51). Il s'agit d'une option «préférentielle», et non exclusive. Jésus nous invite à aimer les pauvres car on leur doit une attention particulière précisément en raison de leur vulnérabilité. Ils sont - on le sait - de plus en plus nombreux, même dans les pays dits riches, malgré le fait que les biens de ce monde soient destinés à tous ! Toute situation de pauvreté interpelle la charité chrétienne de chacun. Mais celle-ci doit cependant aussi devenir un engagement social et politique, car le problème de la pauvreté dans le monde dépend de situations concrètes qui doivent être transformées par des hommes et des femmes de bonne volonté, constructeurs de la civilisation de l'amour. Ce sont des «structures de péché» qui ne peuvent être abolies qu'avec la collaboration de tout le monde, la disponibilité à « se perdre » pour l'autre au lieu de l'exploiter, à « le servir » au lieu de l'opprimer ( cf. Sollicitudo rei socialis, 38 ).

Chers jeunes, je vous invite particulièrement à prendre des initiatives concrètes de solidarité et de partage aux côtés des plus pauvres et avec eux. Dans vos différents pays, participez généreusement à des projets de fraternité et de solidarité dans lesquels les jeunes sont engagés : ce sera une façon de «rendre» au Seigneur en la personne des pauvres, au moins quelque chose parmi tout ce qu'Il vous a donné, à vous qui avez eu plus de chance. Et cela pourra aussi être l'expression immédiate ment visible d'un choix de fond : celui d'orienter sa vie de manière décisive vers Dieu et ses frères.

       7. Marie résume dans sa personne tout le mystère de l'Église. Elle est la « fille élue par le Père » ( Tertio millennio adveniente, 54 ), qui a accueilli librement le don de Dieu et qui y a répondu en donnant sa disponibilité. La «fille» du Père a mérité de devenir la Mère de son Fils : « Qu'il m'advienne selon ta parole » ( Lc 1, 38 ). Elle est la Mère de Dieu parce qu'elle est parfaitement la fille du Père.

Dans son coeur il n'y a pas d'autre désir que celui de soutenir les chrétiens dans leur engagement à vivre comme des fils de Dieu. Comme une mère remplie de tendresse, elle les conduit sans cesse à Jésus afin qu'en le suivant ils apprennent à cultiver leur relation avec le Père du ciel. Comme lors des noces de Cana, elle les invite à faire ce que le Fils leur dira ( cf. Jn 2, 5 ), sachant que c'est celui-là le chemin pour arriver à la maison du « Père miséricordieux » ( cf. 2 Co 1, 3 ).

La XIVème Journée Mondiale de la Jeunesse, qui se déroulera cette année dans les Églises locales, est la dernière Journée avant le grand rendez-vous du Jubilé. Elle revêt par conséquent une importance particulière dans la préparation de l'Année Sainte de l'An 2000. Je prie afin qu'elle soit pour chacun de vous l'occasion de faire une nouvelle rencontre avec le Seigneur de la vie et avec son Église.

Je confie votre cheminement à Marie et lui demande de préparer vos coeurs à accueillir la grâce du Père, pour devenir des témoins de son amour.

Vous souhaitant une année riche de foi et d'engagement évangélique, je vous accorde de tout coeur ma bénédiction.

                         Du Vatican, le 6 janvier 1999, Solennité de l'Épiphanie du Seigneur

                                                                     JEAN PAUL II

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